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Le Fourneau - Centre National des Arts de la Rue en Bretagne
Garenne 2005 - Le journal

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Voilà maintenant 5 ans que l'équipe du Fourneau conçoit une programmation Arts de la rue sur l'espace de la Garenne. Petit îlot de calme au milieu d'une tempête de décibels, la Garenne a su fidéliser les festivaliers qui dégustent avec bonheur, entre leurs caraffes de bière et leurs merguez-frites, des spectacles vivants et originaux. "On peut atteindre ici un public qui n'est pas forcément celui des festivals de rue", défend Claude Morizur, co-directeur du Fourneau. Exemple réussi de cohabitation entre les arts de la rue et la musique (très) amplifiée, l'initiative a fait des petits aux quatre coins des festivals estivaux avec plus ou moins de succès...

Cette année, la présence remarquée et colorée des Passagers avec leur fresque monumentale qui culmine à 17 mètres du sol rythme les trois journées de la Garenne. Egalement au menu de ce cru Garenne 2005 : L'illustre Famille Burattini, Annibal et ses éléphants, Les Kag, D'Irque, Mic Mac compagnie.

L'illustre Famille Burattini, Le Théâtre du Mélodrame
Vendredi, 15h30. Les portes du site du festival ne sont ouvertes que depuis une demi-heure qu'un attroupement se forme déjà autour de la caravane info du Fourneau. Rapidement, les 150 places pour la première des 11 séances proposées par L'illustre Famille Burattini sont distribuées aux festivaliers. A l'intérieur d'une grande tente, le bonimenteur Buratt nous raconte dans la plus pure tradition du théâtre forain l'histoire de l'infortuné Jack le Manchot. Sur la petite scène du "Théâtre du Mélodrame", les décors s'enchaînent à une vitesse impressionnante. Tous aussi beaux les uns que les autres, leur apparition se fait à chaque fois sous les applaudissements du public.

Jongleur de bas étage, Jack parcourt le monde en quête de la reconnaissance artistique qui lui fait défaut. Des ruelles de Chicago au cockpit d'un avion américain en plein bombardement japonais sur Pearl Harbor, le pauvre Jack n'est qu'une marionnette que les autres protagonistes manipulent à leur guise. Pour Burattini, cette histoire est aussi l'occasion d'aborder des sujets plus sombres auxquels il tient, comme la situation précaire du spectacle-vivant et des artistes, le pouvoir oppressant de l'argent, ... "J'étais mal à l'aise par moment, mais c'était vraiment extraordinaire", confie une spectatrice à la sortie. Aux Charrues, la provoc' engagée de Buratt n'est pas tombée dans l'oreille de sourds...
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Pendant ce temps là...
... le cubain Ibrahim Ferrer envoutait le public avec sa voix d'ange.

 

Mic Mac compagnie, Ne me kilt pas !
Après leur bref passage à Brest pour les Jeudis du port, c'est en plein centre de la Garenne et à leur manière si particulière que les quatre nantais de la compagnie Mic Mac ont fait découvrir les charmes de l'Ecosse au public des Charrues. Venus célébrer en grande pompe le jumelage de la ville de Glasgow avec Carhaix, les comédiens-jongleurs ont mené à un rythme effréné leur "typical scottish show" (avec l'accent !). Whisky, monstre du Loch Ness et cornemuses... toute l'Ecosse s'est invitée en Bretagne pour le week-end, et ces lointains cousins celtiques n'ont pas trop souffert du mal du pays. Qu'on se le dise, à la Garenne aussi : "ScOttiSH NOt DEaD !"
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Pendant ce temps là...
... l'accent "so british" de Jane Birkin faisait sourire les festivaliers, avec dans le regard un rien de nostalgie gainsbourgienne.

 

Les Kag, Zick’n’tchatche
Bienvenue dans l'univers déluré de ces deux artistes gonflées à bloc et prêtes à tout pour concurrencer la sono de Deep Purple (Tin tin tin, tin tin tainin...), rien que ça ! Leur duo vocalo-yaourtico-punko-burlesque, qui n'hésite pas à plonger allégrement dans le "trash", est en tout point réussi. D'un côté il y a Karine (alias Mercedes), forte personnalité tendance fascisante, de l'autre Agnès (alias Dolorès), jeune femme fragile et attendrissante, qui bascule en une demi-seconde de l'hystérie et la dépression...
Pour embarquer le public dans leur tour du monde en chansons, les Kag utilisent un langage bien à elle. Prenez à peu près toutes les langues et sonorités du globe, brassez tout ça façon yaourt bulgare et vous obtiendrez une langue qui ne veut absolument rien dire, mais que tout le monde comprend..."Comment est-ce qu'on peut avoir l'idée de faire un spectacle comme ça ?", s'étonnent deux spectatrices amusées. On se le demande encore... Une chose est certaine, une "kagonite aigue" va se répandre comme une traînée de poudre dans les allées des Vieilles Charrues. Vous voilà prévenus !

Mais le spectacle des Kag ne serait rien sans la qualité vocale de ses deux chanteuses et leur maîtrise du pastiche, tous genres musicaux confondus. Et quand on leur dit que leur spectacle est un peu léger, les deux comédiennes se plaisent à répondre d'une seule voix : "Oui, mais nous on est lourdes !"
Comme n'importe quel spectacle, si celui des Kag n'existait pas, il n'aurait manqué à personne... mais on serait quand même tous passés à côté d'un put#$§ d'moment d'bonheur !
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Pendant ce temps là...
... l'inclassable Nosfell étonnait lui aussi avec un langage dont lui seul connaît les secrets : le "Klokobetz".

 

Annibal et ses éléphants, La bête
Annibal et fils, célèbre lignée de bateleurs forains, est fière de vous présenter sa bête...de scène, son monstre...sacré : le grand..., le fantastique..., l'inimitable... Roger Cabot ! Cette superstar des planches peut tout jouer, de Molière à Feydeau, en passant par Brecht. Aucune tirade ne résiste à cet acteur polyvalent. Pour votre plus grand plaisir, Roger vous dévoile ses talents de mime, de prononciation et de présence scénique, le tout dans une joute théâtrale au cours de laquelle il remettra en jeu son premier prix de conservatoire face aux spectateurs volontaires.
La bête est un spectacle en forme d'hommage au jeu de comédien et au théâtre en général. Avec le talent des comédiens de la compagnie, l'hommage n'en est que plus remarquable. Pour la petite histoire, la compagnie fête à Carhaix la 300ème de ce spectacle depuis sa création en 2002.
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Pendant ce temps là...
... c'était jour de mariage à Bamako pour Amadou et Mariam.

 

Les passagers, Récif
Comme son nom l'indique, la compagnie parisienne est de passage à Carhaix mais elle compte bien s'y faire remarquer. Il faut dire que quand on peint à la verticale sur une toile de plus de 200m2, accroché à un filin à 15 mètres du sol, on se fait généralement remarquer !

Au fur et à mesure des trois jours de festival, des formes apparaissent et les couleurs envahissent la toile qui trône au fond de la Garenne. Récif, en plus d'être une œuvre unique (le dessin final conçu spécialement pour l'occasion n'ayant jamais été réalisé en public), est également un spectacle chorégraphique et théâtral monumental. La compagnie y propose une adaptation à la verticale et en couleurs du mythe d'Orphée et Eurydice, soit une descente aux enfers en quête de l'amour perdu. Vaste programme... Défiant la gravité physique et morale, le spectacle nous parle avec légèreté de la vie, de nos choix, de nos questions : "Tu connais le jour de ta mort, toi ? Moi, je sais pas." Effets de lumière, pyrotechnie et musique entraînante, tout est bon pour faire de ces temps forts des moments inoubliables...
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Pendant ce temps là...
... Iggy Pop planait sur la grande scène du Glenmor, entraînant le public dans un voyage au cœur du rock 70's.

 

L'illustre Famille Burattini, T'as de beaux yeux tu sais Carabosse
Attention, spectacle "déconseillé aux enfants sages".
Les Burattini sévissent de nouveau sur la Garenne. Cette fois, ce sont les enfants qui sont la cible de l'illustre verve familiale. Mais ne vous inquiétez pas, vous pouvez confier vos enfants avec l'esprit tranquille car Buratt, Rita et Luciano se chargent de leur apprendre la vie à ces "sales mômes".
Gavé de télé, de gameboy et autres images prémachées, l'enfant d'aujourd'hui possède un imaginaire bien éloigné du théâtre de marionnette que lui propose la famille Burattini. Et pourtant... Le seul marionnettiste au monde qui n'aime pas les enfants (dixit l'intéressé) sait si bien les captiver. Comment ? Tout simplement en leur parlant des choses de la vie qu'ils connaissent, et celles qu'ils découvriront un jour. Entre autres thèmes abordés : l'alcoolisme, le machisme, les CRS, l'autodétermination, le racisme... Pas sûr que ces jeunes spectateurs comprennent la moitié de ce qui leur est raconté mais qu'importe. Cela aura bien fait rire les parents !
Comme à son habitude, Burattini se sert d'un prétexte (un spectacle de marionnettes), pour traiter d'autre chose, faire passer un message engagé qui s'adresse autant aux parents qu'aux enfants. Et il sait si bien le faire...
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Pendant ce temps là...
...Tiken Jah Fakoly continuait son combat musical pour une Afrique unie.

 

D'Irque, Tais-toi et jongle !
Passé par les écoles de cirque de Montréal et de Bruxelles, ce jongleur d'origine flamande en a gardé un jonglage aussi technique que comique. D'Irque, c'est du jonglage certes, mais c'est aussi et surtout une tchatche à toute épreuve : à l'épreuve du vent, de la pluie et des petits loupés qui en découlent. Pas facile d'être jongleur cette année à la Garenne. Mais le public était là pour l'aider. Un spectateur en guise de régisseur son, une spectatrice en régie plateau et des apprentis jongleurs pour faire patienter le public lors des changements de décors.
Au final, c'est un spectacle drôle, rythmé et généreux auquel ont eu droit les derniers spectateurs de cette 5ème édition des arts de la rue aux Vieilles Charrues.
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Pendant ce temps là…
…la fresque finale des Passagers révèlait tous ses secrets aux festivaliers de la dernière heure.

 

Textes : Aurélien Marteaux
Photos : lefourneau.com