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Jeudi 5 août

Quel meilleur endroit qu'un bistrot pour faire le zouave, je vous le demande ? Yvon Fraval, accordéon, et Sharlubêr, pitreries dans les règles de l'art chansonnier, ont commencé la fête bien avant l'heure.
Non, ce n'est pas une publicité pour les dragées Fuca, c'est la première partie du pestak' des Schpouki Rolls (mais quel nom, on se demande où ils vont chercher tout ça ?)...

Ca, ça fait mal ! Les Morallès sont vraiment une drôle de famille. Monsieur Morallès semble à peu près normal, mais le reste de la famille, alors là, laissez-moi rire ! D'abord, le spectacle a bien failli ne pas avoir lieu. On attendait Gino, le frère. Figurez-vous qu'il était parti faire les "courses"... et qu'il a eu quelques petits ennuis avec la maréchaussée... enfin, le voici à l'accordéon. Mais tout en jouant, il perturbe les numéros avec des mufleries carrément intempestives. Ou alors il démystifie le discours de monsieur Morallès (ainsi, le cousin que l'on croyait à l'hôpital... se trouve en fait au cabanon).
Mais le pire, c'est peut-être Gaston. Ce garçon restera dans l'histoire comme l'introducteur de la mécanique quantique dans les arts du cirque. La parenté avec le celèbre Lagaffe est nette, et mieux vaut se planquer lorsqu'il débarque comme un chien dans la soupe, ou un cheveu dans un jeu de quilles.

Pour une soirée sur le thème de l'accordéon, on ne pouvait pas faire mieux que d'inviter Marcel Azzola, incontestablement le plus grand chez les Français, ce même Marcel qui chauffait dans le "Vesoul" de Jacques Brel. Une symphonie pour deux pianos, dont un à bretelles, un mariage virtuose entre ivoire, ébène et nacre. Et quand Azzola joue Piazzola, on en reste baba.
Nous sera-t-il permis cependant de déplorer les hydrophobes porteurs de parapluie ? Non que ces belles taches de couleur soient de nature à déparer le port de commerce, mais quand ils sont devant vous, c'est pas commode d'y voir quelque chose.

Alors là, on joue de malchance. Déjà qu'hier on n'avait pu grignotter que les dernières minutes des Baltikans, le spectacle de la compagnie Olivier Bodin, nous voilà aujourd'hui le bec dans l'eau lorsqu'ils décident de stopper leur chorégraphie sous un hostile déluge de molécules d'eau agglomérées en grosses gouttes bien humides. Flik, flok, on a failli assister à de la natation synchronisée...
Forfait également pour Frank Baruk, le performeur à solex, qui craint de blesser des innocents ou de se retrouver dans le port, tant l'art du freinage in extremis exige un sol sec. Ceux qui l'ont vu à Morlaix hier savent de quoi on veut parler...
On retrouve les deux courageux acrobates morlaisiens de Schpouki Rolls pour la seconde partie de leur "Main Chaude" un peu refroidie certes par l'eau du ciel. Mais bon, passons. La bande son est un zapping à elle toute seule. Les deux communicomanes se parlent dans toutes les positions via un téléphone portable, avant de s'apercevoir qu'ils étaient côte à côte. Là, gênés de presque se toucher, ils se quittent sur un "on se téléphone !" Férocement bien vu !

Pour ceux qui l'ignoraient encore, Paris a son folklore et le "duo du pavé" l'illustre a merveille. Même si l'accordéoniste a des racines en Gascogne, il faut entendre le "merci m'sieudames" du chanteur pour flairer l'apache des faubourgs de Paname...
Et nous voilà embarqués dans les histoires de voyous à casquette tandis que le Bordelais s'échine sur son "branle-poumon" (un des innombrables synonymes d'accordéon). Bon, c'est pas tout ça, mais il pleut des cordes alors revenons quelques années en arrière...

...au temps du gang des "tractions" avec la compagie du Tapis-Franc. C'est madame Raymonde, une fille "en carte", comme on dit dans les bonnes familles, qui nous raconte l'histoire, et vous avez deux secondes pour vous accrocher, ça va péter dans tous les coins ! Voilà-t-y pas que débarque sur les chapeaux de roue une Traction, à bord de laquelle des gars mal intentionnés sont présentement en train de prendre la fuite.
Suivis de près par les condés dans leur Juva 4, les malfrats résistent, et finissent par prendre la narratrice en otage. On vous raconte pas la fin, mais qu'est-ce que ça déguste!

Aïe, onze heures, l'heure du bain de foule…

- Bon, votre mission d'aujourd'hui consistera à approcher les Blankass de suffisamment près pour obtenir une photo valable.
- Mais, patron, vous n'y pensez pas ? Et si je me fais piétiner par des hordes de fans en folie ?
- Ce sont les risques du métier, petit.

Ce qui fut dit fut fait, et c'est les orteils en purée que je vous rapporte fièrement ces quelques photos du plus célèbre boys-band du Berry. Mais qu'est-ce qu'ils ont de plus que moi ces tatoués, zut à la fin ! Bon, ben justement, c'est la fin. Toc.

Photos : Jean-Michel Grall, Yffic Cloarec, Martin Granger
Textes : Martin Granger

"Arts de la rue : cocktail parfait" (06/08/99)
"Marcel Azzola : un géant aux doigts de velours" (06/08/99)
"Blankass : garçon, un autre !" (06/08/99)
(ces articles ne sont plus disponibles sur le site du journal)


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